Critique – Caroline, or Change au Playhouse Theatre

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Caroline, or Change a été vue pour la première fois à Broadway en 2003 puis récompensée d’un Olivier Award en 2007.
En Angleterre, la pièce a été montée au Chichester Festival Theatre l’année dernière puis au Hampstead Theatre en mars 2018 et a été encensée par la critique!
Caroline, or Change vient de faire son transfert dans le West End, au Playhouse Theatre.

De g. à d.: Dujonna Gift-Simms (Radio 1), Tanisha Spring (Radio 2), Keisha Amponsa Banson. Sharon D. Clarke interprète Caroline Thibodeaux, Aaron Gelkof interprète Noah et Me’sha Bryan joue la Washing Machine.
L’histoire

Louisiane, 1963. Caroline, la bonne afro-américaine mal payée de la maison de la famille juive Gellman, travaille sans relâche dans leur sous-sol étouffant. Les appareils ménagers qui entourent son travail prennent vie: la machine à laver, le sèche-linge et la radio chantent et commentent sur la situation de Caroline. Le sous-sol est un endroit fantastique pour Noah Gellman, 8 ans qui y passe autant de temps qu’il peut pour voir Caroline.
Noah laisse sa monnaie (en anglais: « change ») dans ses poches que Caroline trouve et laisse dans un bol au-dessus de la machine. La belle-mère de Noah, Rose, est  incapable de donner une augmentation de salaire à Caroline, et lui dit qu’elle peut garder l’argent que Noah laisse dans ses poches. Caroline rechigne et refuse de prendre de l’argent à un enfant, mais Caroline, divorcée et mère de 4 enfants sait qu’elle a besoin de cet argent pour sa famille.
En même temps aux Etats-Unis, on apprend l’assassinat de JFK et les progrès sociaux observés dans le pays sont en train de se mettre en branle.


Notre Avis

Un élément important est la partition subtile qui mélange les styles: jazz, musique juive, Motown. Cela permet de vraiment mettre en valeur la voix des acteurs qui sont sublimes et puissantes mais aussi de souligner les différentes vies des personnages entre le père jouant des mélodies juives à la clarinette, la mère chantant des patter songs et Caroline chantant de poignantes mélodies de jazz.
Un point positif de ces mélodies qui s’enchaînent est que le public n’a pas beaucoup l’occasion d’applaudir et que ces applaudissements prennent une importance nouvelle. Mais tout de même les musiques s’enchaînent tellement que les mélodies sont dures à retenir et se mélangent.

Le livret et les paroles de Tony Kushner sont assez poétiques, drôles et politiquement sauvages, même si certains détails de l’histoire sont un peu rabâchées. Certains moments sont poignants, surtout Lot’s Wife, chanté par Caroline : un monologue déchirant sur ce qu’elle est devenue.

Au cœur de la pièce on retrouve la performance extraordinaire de Sharon D. Clarke. Chaque note et mouvement encapsule qui est Caroline : le calme qu’elle apporte à ce rôle traduit la tristesse et la colère de ce que ressent ce personnage. Sa voix est puissante et varie de délicates mélodies lui rappelant son mari à de grands cris de douleurs sur sa situation.

Elle est entourée d’une équipe incroyable, tous plus talentueux les uns que les autres. Les trois interprètes de la Radio sont impressionnantes vocalement et on souligne également les performances de Lauren Ward qui interprète Rose, de Naana Agyei-Ampadu qui interprète Dotty, de Abiona Omonua qui joue Emmy, la fille ainée de Caroline. Aaron Gelkoff, qui jouait Noah le soir où je l’ai vu, apporte beaucoup de couleurs à ce personnage; on oublie presque que ce n’est qu’un enfant.

La mise en scène de Michael Longhurst est très forte et très imaginative. Il y a un vrai jeu entre certaines scènes vues par les yeux d’un enfant (ici, Noah) et vues par Caroline. Cela donne un rythme et des couleurs à la comédie musicale.


Les décors sont particulièrement efficaces, ils capturent l’ambiance de la maison américaine de 1963. La scénographie est également ingénieuse, utilisant un plateau tournant (qui malheureusement grince un peu), un décor qui se sépare en deux et un grand siège en verre qui flotte au-dessus de la scène pour accueillir l’actrice qui interprète la lune, vêtue d’argenté.
Les costumes sont très imaginatifs: chaque acteur interprétant un objet à un costume stylisé et créatif (par exemple, l’interprète de la machine à laver a une robe avec des bulles en relief). Eux aussi reflètent le style des années 60 aux Etats-Unis.

L’équipe artistique et créative 

Tony Kushner, auteur de la pièce légendaire Angels in America, signe le livret et les paroles ; Jeanine Tesori présente une partition exceptionnelle, entièrement chantée.
Pour cette production, Michael Longhurst dirige la mise en scène. En mars 2019, il deviendra le directeur artistique du Donmar Warehouse à Londres.
Fly Davis est responsable de la scénographie et des décors, la chorégraphie est signée Ann Yee, la direction musicale de Nigel Lilly, lumières de Jack Knowles et sons de Paul Arditti.

 

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